jeudi 17 mai 2012

Colette Lespinasse, figure haïtienne des droits de l’Homme


Portrait d’une battante très aimée des Haïtiens.








Rendre service. C’est ce qui caractérise depuis plus de 20 ans la militante des droits humains Colette Lespinasse. « Même si je n’ai pas un diplôme en service social, je me considère comme une travailleuse sociale.Toute ma vie est consacrée à servir.» Et elle s’engage à continuer dans cette voie.

Perfectionniste et rigoureuse, celle qui déteste le mépris n’est jamais trop occupée pour recevoir ceux et celles qui souhaitent la rencontrer à longueur de journée. Dans la salle d'attente du Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), ils sont toujours nombreux à attendre chaque jour la coordonnatrice de cet organisme de défense de droits humains.

Cette femme d’une cinquantaine d’années, au teint foncé, discrète, n’a pas peur de sacrifier sa famille pour aider les autres. « Colette Lespinasse est une féministe de fond, loyale et très engagée. En dépit du fait qu’elle soit une cible en République Dominicaine où elle défend les migrants haïtiens, elle s’engage sans réserve, elle est tenace. Souvent elle s’oublie pour s’occuper des autres », raconte Lilianne Pierre-Paul, journaliste, responsable de la programmation à Radio Kiskeya.

La professeure d'art culinaire


Originaire de Fonds-des-Nègres (sud d’Haïti), la professeure d’art culinaire fait de la participation, l’équité, la lutte contre la pauvreté et l’égalité les points forts de son engagement pour le changement. « La condition modeste des gens que je recevais chaque jour à Radio Soleil dans les années 80 m’a convaincue de me lancer dans la bataille pour le respect des droits de la personne. » Colette Lespinasse pense que sa lutte peut pousser les autorités haïtiennes à faire des droits humains une priorité.
Cette passionnée de lecture, qui vient de fermer les dernières pages de Haïti dans l’impasse des politiques de libéralisation commerciale, s’intéresse aussi à la question du genre. Elle a découvert l’ouvrage de l’auteure haïtienne Mireille Neptune Anglade intitulé L’autre moitié du développement  qui traite de l’importance des femmes dans la société.

Depuis, Colette Lespinasse croit que les femmes peuvent jouer un grand rôle dans cette quête pour le changement. « Ce n’est pas possible que les hommes soient omniprésents.» Elle n’est pourtant pas hostile à la gent masculine.

La défense des droits humains : une lutte quotidienne


Le dernier prix de Colette Lespinasse
La récipiendaire du prestigieux Prix du leadership Richard C. Holbrooke venu récompenser son engagement en faveur des réfugiés et migrants haïtiens, ne compte pas se reposer sur ses lauriers même s’il s’agit d'un prix international. Cette récompense ne fait que renforcer le courage de Colette Lespinasse. Elle espère voir les conditions de vie des travailleurs haïtiens en République Dominicaine améliorées.

« Il n’y a pas eu de grands changements, au moins les compatriotes ne sont plus dans l’anonymat. L'Internationale est au courant de leur situation » se réjouit la dirigeante du GARR. Battante depuis toujours, elle compte travailler sur d’autres pôles de migration, dans les Antilles françaises, notamment la Guyane et la Guadeloupe.  

Bien perçue par ceux qui évoluent comme elle dans le secteur des droits humains, Colette Lespinasse est parfois critiquée parce qu’elle fait cavalier seul. «La féministe engagée doit s’ouvrir aux autres organismes de défense des droits de la personne », pense Pierre Espérance du Réseau National des droits Humains (RNDDH).

Férue des voyages en provinces


Colette Lespinasse

Convaincue que la population haïtienne a un très bon niveau de conscience sur la question des droits de l’Homme - ce qu’elle considère d’ailleurs comme une victoire - elle compte créer des liens avec les communautés haïtiennes de l’étranger et les associations locales.

Elle souhaite que tous les Haïtiens participent à leur manière à la construction d’Haïti. « Pour moi, Haïti n’a jamais été construite. Nous devons prôner la construction alternative. » Une voie idéale pour atteindre le changement, croit cette défenseuse des sans voix.

Cette mère de deux enfants, qui ne peut s'engager dans un travail que si elle est passionnée, s’est lancée dans le processus d’identification de 25.000 citoyens haïtiens sans papier en République Dominicaine. Ce ne sont pas les va-et-vient entre le consulat d’Haïti à Santo Domingo et les archives nationales à Port-au-Prince qui vont casser l'élan de cette fonceuse.



                                                                        Textes et Photos : Marie Raphaelle Pierre

                                                                                                    faradielle33@gmail.com

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