vendredi 18 mai 2012

Comment la publicité en anglais bouleverse le créole haïtien


Depuis plus d’une décennie, la langue de Shakespeare infiltre la publicité en Haïti.











« Low Price Every Day », « Swag edition release » : ces slogans, nous les avons retrouvés sur des affiches ou panneaux d’affichage sans leur traduction en français ou créole dans les rues de Port-au-Prince.


 > Regardez nos photos d’affiches prises dans les rues de la capitale haïtienne :


 

Christine Coupet, directrice générale de l’agence de publicité Dagmar Productions, pense que la pratique a commencé au milieu des années 90. « Nous avons commencé à intégrer des mots simples comme « yes », « thank you » ou « ok » parce qu’à l’époque les jeunes étaient très friands de l’anglais entendu dans les chansons et les films américains.»


Apartheid linguistique ?
Comme la majorité des jeunes interrogés, Sandro conteste l’utilisation de l’anglais dans les publicités en Haïti, même s'il peut les lire. « C’est pour exclure la grande majorité », s’exclame-t-il presque avec rage. Plus positif, Kleber y voit une façon de parfaire son anglais. « Cela me pousse à toujours utiliser un dictionnaire » confie-t-il avec un sourire.


Cibler les milliers d’expatriés
Olivier Bayard de l’agence Publigestion dit devoir parfois se plier aux exigences de certains annonceurs qui visent le grand nombre d’expatriés vivants en Haïti depuis le séisme. Quant aux affiches de spectacle, il assure que ces dernières sont facilement compréhensibles par leur cible : les jeunes, habitués à utiliser les réseaux sociaux en anglais.

 
Américanisation ?
Maureen, une Américaine qui vit en Haïti depuis 20 ans, peste contre cette pratique qui selon elle, américanise à tort une société haïtienne dotée d’une si belle culture afro-caribéenne.


« L’anglais ne pourra pas digérer le créole haïtien même si la publicité lui emprunte beaucoup de mots » déclare  Dr Renauld Govain, professeur à la Faculté de Linguistique Appliquée de l’Université d’Etat d’Haïti). Pour ce docteur en sociologie des langues, il n’y a pas lieu de s’alarmer mais il faut attirer l’attention sur ce phénomène. L’état ne peut pas, selon lui, interdire aux publicitaires d’utiliser l’anglais.

L’anglais continue de toute façon de gagner du terrain, dans un pays où le français, l'une des deux langues officielles, n’est parlée que par seulement 15 % de la population, les Haïtiens étant tous créolophones.
                                                                                                             
                                                                              
                                                                                        Photos et texte: Chancy Victorin
                                                                                                      
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