Dans l’espace de dix
ans, le cinéma haïtien a connu une baisse de production considérable. De 20 longs
métrages en moyenne par année à 5 aujourd’hui, ce secteur culturel souffre
de tous les maux. Producteurs et réalisateurs plaident pour un soutien direct
de l’Etat afin d’éviter la disparition du 7eart en Haïti.
Toutes les salles de cinéma sont fermées à
Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Les DVD piratés sont vendus au vu et au su
de tous. Les autorités laissent faire. Impuissants, les producteurs en souffrent.
Ils ne produisent pas au même rythme qu’il y a de cela 12 ans.
« Du point de vue quantitatif, le cinéma haïtien est
réduit en un pot de chagrin. Dans les années 2000, les cinéastes haïtiens
pouvaient produire jusqu’à 20 longs métrages. C’était un véritable record dans
la Caraïbe. Aujourd’hui, nous ne produisons que quatre à cinq films par année »,
se plaint Arnold Antonin, vice-président de l’Association haïtienne des cinéastes.
La dernière salle, fermée en 2009
La dernière salle de
cinéma a fermé ses portes à Port-au-Prince en décembre 2009. « C’est
décourageant de réaliser des films sans avoir des salles pour les présenter au
public. Pour moi, c’est vrai que mes films sont projetés à l’étranger, mais il
serait très bon de les passer en Haïti », avance M. Antonin.
Réginald Lubin |
Cependant, des projets de production cinématographique,
il en existe toujours en Haïti, estime Réginald Lubin, acteur et cinéaste très
connu dans le pays. Mais aujourd’hui les réalisateurs hésitent à produire.
« L’absence de ce moyen de commercialisation, ralentit la
production », déplore cette figure incontournable du cinéma haïtien. En attendant
la reprise des activités au niveau des grandes salles, le réalisateur de la "Peur d'aimer" conseille
de chercher des moyens alternatifs.
Victime à plus d’un titre
Le cinéma haïtien est
victime du piratage des DVD, des
petites salles de ciné clandestines, des stations de télévision qui diffusent
les films sans autorisation et l’indifférence des autorités, énumère Arnold
Antonin.
C’est une bonne nouvelle
que la France ait décidé de réhabiliter Eldorado, une salle de spectacle à
Port-au-Prince ou qu’une compagnie privée ait fait l’acquisition du ciné Impérial,
indique le cinéaste. Mais, il souligne que ce ne sont pas ces choses qui vont
sauver le cinéma haïtien. Même peu, Arnold Antonin confie que les cinéastes continuent de produire.
Ecoutez une interview avec Arnold Antonin.
Les propositions
·
- Prendre comme modèle d’autres pays plus avancés
Dans les pays où le
cinéma se développe réellement, les producteurs et réalisateurs sont supportés
par les autorités. Dans la plupart des pays de l’Amérique Latine, il existe un
fonds d’appui à la production cinématographique. En France, les autorités accordent des avantages spéciaux aux opérateurs culturels. Arnold Antonin conseille de
prendre ces pays en modèle.
- Création d’un réseau de ventes pour le cinéma haïtien
- Ouverture de petites salles de cinéma
Réginald
Lubin propose lui de créer des réseaux de vente en Haïti et au niveau de la
diaspora comme le fait les compagnies de téléphone mobile Digicel et Voila. Il
propose aussi de mettre en place de petites salles à travers tout le pays.
Haïti n’est pas le seul pays où sa capitale n’a aucune salle de cinéma. Il y a aussi le Cameroun, Yaoundé,
Bénin. Au Sénégal, la moitié des salles sont fermées.
Texte et photos: Robenson Geffrard et Duly Lambert
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