Les webmasters sont de plus en plus demandés dans tous les domaines à travers le monde. En Haïti pourtant, la réalité est toute autre. Mauvaise qualité d’Internet, insuffisance de moyens techniques et de ressources humaines, sous rémunération, dépendance totale de l’extérieur, les professionnels du web arrivent à peine à imposer leur métier. Déjà affaibli dans tant de domaines, le pays sera-t-il également mis à l'écart du web ? Journaliste et Webmaster, j'ai contacté quelques confrères qui nous dévoilent certains obstacles à leur profession.
André Louis-Jeunes, l’un des premiers directeurs d’école informatique à Saint-Marc, a réalisé plusieurs sites internet. Parmi eux, celui du Baltimore, un important club de football et de la Socolavim, une coopérative d’épargne et de crédit dans le département de l’Artibonite. Mais depuis un certain temps, André avoue une certaine « négligence » pour le webmastering.
Sa journée de travail, il la passe dans son bureau climatisé à l’unité de marketing, de recherche et de développement de la Socolavim, depuis trois ans. Pour lui, si on devait dresser une liste des principales difficultés du webmastering, le problème de l’accès à l’Internet Haïti et le phénomène des réseaux sociaux devraient être analysés en profondeur. Ecoutez ses propos.
Mauvaise
connexion Internet, l’ennemi des webmasters haïtiens
La question de l'Internet de qualité peut être perçue comme le principal obstacle à l’avancement du webmastering en Haïti.
« La
connexion Internet reste notre principal souci, ici », affirme Stanley
Jean-Pierre, qui gère le contenu du site
de la Télévision nationale d’Haïti (TNH). « Nous
avons vainement changé de compagnie, mais c’est la vitesse qu’il
faut revoir en Haïti. Juste pour mettre un texte en ligne, cela peut prendre énormément de temps », conclut-il.
Une insuffisance de demande de service?
Credit: ivanpw,on Flickr |
Un article d’Alter Presse, une agence d'information en ligne,
paru en 2011, fait état « d’environ
900.000 Haïtiens ont accès à Internet en Haïti, ce qui signifie 10% de la
population ». Le nombre restreint d’abonnés d’Internet dans ce pays
justifierait une insuffisance de demande de service en webmastering. « Comment demander à des personnes
qui n’ont pas d’accès à l’Internet de venir créer leur site ?», s’interroge
Stanley Danny Pierre, webmaster du seul quotidien haïtien le
Nouvelliste.
Une réalité qui a des conséquences
également sur le prix du service. « Quand
vous demandez 2000 dollars américains à un client pour un site Internet, il va vous
demander si vous êtes fou [estimant que le prix est exorbitant], alors que le même site
coûte deux à trois fois plus aux
Etats-Unis », commente le professionnel du web.
Toute une plaidoirie…
«
Contrairement aux autres domaines, il nous faut non seulement donner un service
de qualité à un prix abordable, mais surtout faire tout un plaidoyer pour
convaincre les entreprises de créer leur site Internet », déplore, pour sa part, Evens Pierre, étudiant en
webmastering et agent de marketing à SITEPAM, entreprise de conception et de réalisation de site
Internet, basée à Saint-Marc.*
L’opinion d’Evens est corroborée par Kesner
Louidort, le Président, directeur général (PDG) de la Télé Quisqueya,
une chaine de télévision dans cette ville. Cet ingénieur en
télécommunication, qui a des dizaines de sites Internet à son actif, voit dans
la création des pages web un investissement. Pourtant, se plaint-il, « bon nombre de chefs d’entreprises haïtiens
s’interrogent encore sur la nécessité de créer leur site Internet ».
« Il
faut garder l’espoir »
En dépit de tout, « il faut garder l’espoir », pense M. Louidort. « Le web est un passage obligé », selon lui.
En effet, avec l’arrivée récemment, d’une compagnie de téléphonie mobile, un peu plus d’Haïtiens ont accès à l’Internet.
En tout cas, comme le croit, Stanley Jean-Pierre, «L’avenir du webmastering en Haïti passe forcement par l’accès à l’Internet de bonne qualité pour les professionnels du web qu’aussi bien pour les internautes ».
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