jeudi 31 mai 2012

Le cinéma haïtien en baisse de régime


Dans l’espace de dix ans, le cinéma haïtien a connu une baisse de production considérable. De 20 longs métrages en moyenne par année à 5 aujourd’hui, ce secteur culturel souffre de tous les maux. Producteurs et réalisateurs plaident pour un soutien direct de l’Etat afin d’éviter la disparition du 7eart en Haïti.  
Arnold Antonin


Toutes les salles de cinéma sont fermées à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Les DVD piratés sont vendus au vu et au su de tous. Les autorités laissent faire. Impuissants, les producteurs en souffrent. Ils ne produisent pas au même rythme qu’il y a de cela 12 ans.

« Du point de vue quantitatif, le cinéma haïtien est réduit en un pot de chagrin. Dans les années 2000, les cinéastes haïtiens pouvaient produire jusqu’à 20 longs métrages. C’était un véritable record dans la Caraïbe. Aujourd’hui, nous ne produisons que quatre à cinq films par année », se plaint Arnold Antonin, vice-président de l’Association haïtienne des cinéastes.


La dernière salle, fermée en 2009

La dernière salle de cinéma a fermé ses portes à Port-au-Prince en décembre 2009. « C’est décourageant de réaliser des films sans avoir des salles pour les présenter au public. Pour moi, c’est vrai que mes films sont projetés à l’étranger, mais il serait très bon de les passer en Haïti », avance M. Antonin.

Réginald Lubin
L’absence des salles influence la production, mais bien avant la fermeture de ces salles, le cinéma haïtien était déjà en baisse, souligne-t-il.

Cependant, des projets de production cinématographique, il en existe toujours en Haïti, estime Réginald Lubin, acteur et cinéaste très connu dans le pays. Mais aujourd’hui les réalisateurs hésitent à produire.

« L’absence de ce moyen de commercialisation, ralentit la production », déplore cette figure incontournable du cinéma haïtien. En attendant la reprise des activités au niveau des grandes salles, le réalisateur de la "Peur d'aimer" conseille de chercher des moyens alternatifs.


Ciné Impérial fermé depuis 2009

Victime à plus d’un titre

Le cinéma haïtien est victime du piratage des DVD, des petites salles de ciné clandestines, des stations de télévision qui diffusent les films sans autorisation et l’indifférence des autorités, énumère Arnold Antonin.

C’est une bonne nouvelle que la France ait décidé de réhabiliter Eldorado, une salle de spectacle à Port-au-Prince ou qu’une compagnie privée ait fait l’acquisition du ciné Impérial, indique le cinéaste. Mais, il souligne que ce ne sont pas ces choses qui vont sauver le cinéma haïtien. Même peu, Arnold Antonin confie que les cinéastes continuent de produire.

Ecoutez une interview avec Arnold Antonin.




Les propositions
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  •         Prendre comme modèle d’autres pays plus avancés
Dans les pays où le cinéma se développe réellement, les producteurs et réalisateurs sont supportés par les autorités. Dans la plupart des pays de l’Amérique Latine, il existe un fonds d’appui à la production cinématographique. En France, les autorités accordent des avantages spéciaux aux opérateurs culturels. Arnold Antonin conseille de prendre ces pays en modèle.
  •          Création d’un réseau de ventes pour le cinéma haïtien
  •             Ouverture de petites salles de cinéma
Réginald Lubin propose lui de créer des réseaux de vente en Haïti et au niveau de la diaspora comme le fait les compagnies de téléphone mobile Digicel et Voila. Il propose aussi de mettre en place de petites salles à travers tout le pays.

Haïti n’est pas le seul pays où sa capitale n’a aucune salle de cinéma. Il y a aussi le Cameroun, Yaoundé, Bénin. Au Sénégal, la moitié des salles sont fermées. 


Texte et photos: Robenson Geffrard et Duly Lambert 
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